Directeur de publication :

Denis CARRETIER Président de la Chambre Régionale d'Agriculture d'Occitanie BP 22107 31321 CASTANET TOLOSAN Cx Tel 05.61.75.26.00

Dépôt légal : à parution ISSN en cours
Comité de validation : Chambre d'agriculture du Tarn, Chambre régionale d'Agrculture d'Occitanie, DRAAF Occitanie, Vinovalie Cave de Rabastens

Action pilotée par le Ministère chargé de l'agriculture et le ministère chargé de l'écologie, avec l'appui financier de l'Agence Française pour la Biodiversité, par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du plan Ecophyto.

BULLETIN DE SANTE DU

VEGETAL

Viticulture

EDITION MIDI-PYRENES

GAILLAC

N°2 9 avril 2019

EXCORIOSE

Les stades de sensibilité sont imminents voire atteints dans la plupart des situations. Des contaminations sont possibles avec les pluies prévues.

BLACK-ROT

Surveillez l'évolution des stades sur les parcelles sensibles, des contaminations peuvent avoir lieu avec les pluies prévues.

MILDIOU

La maturité des œufs n'est pas atteinte.

VERS DE LA GRAPPE

Début de vol en secteurs précoces. Relever les pièges pour suivre la dynamique de vol.

DISPOSITIF D ' OBSERVATIONS 2019

Le réseau de surveillance biologique du territoire pour la filière viticulture est en place depuis 2010. Il repose sur un réseau d'observations stable permettant la collecte hebdomadaire d'un socle d'informations afin d'établir une évaluation du risque sanitaire pour les principaux parasites de la vigne. Pour le vignoble de Gaillac, le réseau compte une vingtaine de parcelles de référence (traitées et non traitées) ainsi qu'une vingtaine de pièges à phéromone pour le suivi des vols d'Eudémis et Eulia. Les données d'observations sont collectées par de nombreuses structures partenaires (dont vous retrouvez la liste en fin de bulletin) et par des viticulteurs observateurs. Il est important de rappeler que l'analyse de risque éditée dans les bulletins s'appuie également sur les données issues de modèles épidémiologiques.

L'organisation du comité de validation est la suivante :

Animatrice filière régionale : V Viguès, CA 81 Animation du réseau régional, rédaction et publication des BSV Référents vignoble / Représentants Coop et Négoce : T Massol et ML Muratet (CA 81) / JA Pérez et F Dias (Vinovalie) Animation du réseau vignoble, collecte de données et validation des BSV
IFV Sud-Ouest : A Petit Modélisation Suivis biologiques en laboratoire CRAO : B Cichosz SRAL : L Lagarrigue Validation et publication Contrôle de second niveau

METEO

Prévisions du 10 au 15 avril 2019

Mer 10 Jeu 11 Ven 12 Sam 13 Dim 14 Lun 15
Températures 6-15 8-14 6-17 4-14 2-12 4-16
Tendances

Un épisode de grêle a eu lieu dimanche 7 avril. Il a impacté des parcelles situées sur les secteurs de Bernac, Castanet

STADES PHENOLOGIQUES

Cépages Stade moyen
Gamay 6 à 9
Fer Servadou 3 à 6
Chardonnay 6 à 9 (12)
Mauzac 5
Muscadelle 1 à 3
Duras 6 à 9
Loin de l’œil 6 à 9
Syrah 5

Stades (Echelle Eichhorn et Lorenz) :
1 : bourgeon d'hiver
3 : bourgeon dans le coton
5 : pointe verte
6 : sortie des feuilles
9 : 2-3 feuilles étalées
12 : grappes visibles

Stades de la vigne (de gauche à droite) : pointe verte ; sortie des feuilles, 1ères feuilles étalées Source IFV

Les stades sont très hétérogènes d'une parcelle à l'autre, notamment en relation avec la date de taille. En moyenne, le stade " sortie des feuilles " est observé. Mais dans des situations précoces, il est possible d'observer les ébauches d'inflorescences.


EXCORIOSE (Phomopsis viticola)

Éléments de biologie

La période de sensibilité de la vigne s'étend du stade 6 " éclatement des bourgeons/sortie des feuilles " au stade 9 " premières feuilles étalées ".

Situation dans les parcelles

La problématique ayant été bien gérée les années précédentes, les symptômes d'excoriose sur bois d'un an sont rares sur le vignoble. Les stades de sensibilité sont imminents voire atteints dans la majeure partie des situations.

Évaluation du risque : Le niveau de risque est à évaluer à l'échelle de la parcelle en fonction de l'observation de symptômes et du stade de sensibilité de la végétation. Seule, une présence régulière de symptômes sur bois justifie une gestion spécifique.
Par ailleurs, les conditions climatiques survenant lors de la phase de sensibilité du végétal (stade 6 au stade 9) sont déterminantes : des contaminations peuvent avoir lieu lors des prochaines pluies.
Biologie et description des symptômes :

Le champignon responsable de l'excoriose se conserve durant l'hiver sur les écorces sous forme de pycnides et dans les bourgeons sous forme de mycélium. Au printemps, il produit des pycnides de couleur noire sur les bois excoriés. Lorsque les conditions climatiques deviennent favorables à la germination de ces pycnides
(précipitations prolongées), celles-ci sécrètent un " gel " de couleur jaune contenant les spores. La pluie, en diluant ce gel, va permettre la libération des spores et leur dissémination sur des organes réceptifs. Cette dissémination se fait sur de courtes distances et la maladie reste très localisée. Les attaques apparaissent sur jeunes rameaux au printemps, quelques semaines après le débourrement, sous forme de taches brun-noir parfois d'aspect liégeux à la hauteur des premiers entre-nœuds.

Techniques alternatives : L'utilisation de moyens de bio-contrôle est possible et efficace.

Lien vers la Liste des produits de bio-contrôle

Excoriose : Symptômes sur bois, rameaux et feuilles
à gauche : Chancres d'excoriose sur bois d'un an - Photo CA 81
à droite : Lésion sur jeune rameau et feuille Source IFV

BLACK ROT (Guignardia bidwellii)

Éléments de biologie

Les premières contaminations peuvent s'opérer dès le stade 2-3 feuilles étalées (stade 9) à partir de baies " momifiées " restées sur les souches. Lorsque le champignon rencontre des conditions favorables au printemps (présence d'inoculum et pluies), les contaminations peuvent être précoces
(Ex : dès la mi-avril pour la campagne 2015) et les symptômes peuvent alors progresser rapidement et atteindre les jeunes grappes en formation. L'expression des symptômes est relativement longue, de l'ordre de 20 à 30 jours après la contamination, en conditions printanières.

Situation au vignoble

Sur les parcelles fortement atteintes en 2018, la présence de grappes momifiées constitue un inoculum pour de nouvelles contaminations.

Biologie et description des symptômes :

Le champignon responsable du black-rot se conserve sur les baies momifiées (grapillons non récoltés, accrochés au palissage ou tombés au sol), les vrilles, les feuilles infectées tombées au sol ou encore sur les chancres présents sur les sarments. Les formes de conservation sont d'autant plus présentes dans les parcelles que les symptômes ont été importants l'année N-1. Le black rot est qualifié de maladie à foyers. Au printemps, l'augmentation des températures et de l'hygrométrie permet la reprise d'activité du champignon et la production de spores qui pourront être disséminées lors de fortes pluies.

Évaluation du risque : La virulence du Black-rot ne doit pas être sous-estimée. Il s'installe sur un certain nombre de parcelles dites à historique, et profite de la présence d'un inoculum significatif pour générer des contaminations précoces les années suivantes.
Dans les situations ayant subi de fortes attaques les années antérieures, il serait nécessaire d'anticiper la période de risque (plus précoce que la période de risque " classique " du mildiou). Dans ces situations, il existe un risque de contaminations en période pluvieuse dès les premières feuilles étalées. Ce stade est imminent voire atteint en situations précoces et notamment sur les vignes en taille rase qui sont plus avancées et présentent des facteurs de risques plus importants (présence de grappes momifiées).

Mesures prophylactiques : Elles servent à diminuer les sources d'inoculum primaire :

les rameaux porteurs de chancres ou les grappes avec des baies momifiées restées sur les souches doivent être éliminés à la taille. Sur les vignes conduites en taille rase ou non taille, les grappes momifiées représentent un facteur de risque important.

un travail du sol pour enfouir les résidus de feuilles et de grappes tombés au sol peut réduire ensuite le risque de projection au printemps.

MILDIOU (Plasmopara viticola)

Maturité des œufs (suivi laboratoire IFV)

La maturité des " œufs d'hiver " fait l'objet d'un suivi spécifique en laboratoire. Elle s'observe à partir d'échantillons de feuilles collectés sur différents sites et conservés en conditions naturelles durant tout l'hiver. Dès le printemps, chaque semaine, une fraction de ces lots est expédiée au laboratoire pour être placée en conditions contrôlées (20 °C et humidité saturante). La maturité des œufs est considérée comme acquise dès que la germination des spores contenues dans les échantillons s'effectue en moins de 24 h.
Origines 2019 des lots de feuilles : Lot, Gers, Tarn-et-Garonne (Moissac), Haute-Garonne
(Fronton), Tarn (Lisle/Tarn). Les suivis sont en place depuis début avril. Aucune germination n'a eu lieu en 24h en conditions de laboratoire, ce qui indique que la maturité des œufs n'est pas atteinte.


Données de la modélisation (Potentiel système IFV) Les premières données de modélisation indiquent Clés d'interprétation de Potentiel que la maturité des tous premiers œufs d'hiver ne
Système : sera pas effective avant le 16 avril. Les contaminations élites sont des Aucune contamination épidémique (ou contamination épisodes de contaminations de faible de masse) ne peut être modélisée dans les 10 jours ampleur. A la différence des qui viennent.

contaminations de masse qui sont caractéristiques du démarrage de l'épidémie, les élites sont généralement sans gravité. Rappelons que les contaminations de masse ne sont possibles que lorsque la masse des œufs d'hiver atteint sa maturité
(à ne pas confondre avec les premiers œufs précoces).

Évaluation du risque : Rappelons que les premières contaminations épidémiques ne peuvent se produire qu'aux conditions suivantes :
+ la végétation est réceptive (stade sensible dès l'éclatement du bourgeon) 
+ les œufs de mildiou ont atteint un stade de maturité suffisant x
+ les conditions climatiques permettent de générer des projections de spores, généralement x sur la végétation au bas des souches (T° moyenne > 11°C et pluviométrie suffisante)

Il est donc inutile d'intervenir pour l'instant.

Un bilan régulier de la maturité des œufs est réalisé pour permettre de suivre l'évolution du risque mildiou.

OÏDIUM (Uncinula necator)

Éléments de biologie

Compte-tenu de la présence des formes de conservation du champignon directement sur le bois, les contaminations primaires de l'année suivante peuvent se produire très tôt, dès le stade
" premières feuilles étalées ". L'identification des premiers foyers est souvent trop tardive
(lorsqu'elles sont visibles, les taches sont déjà au stade sporulant ce qui signifie que la contamination s'est opérée 2 à 3 semaines plus tôt). Une phase de sensibilité maximale est ensuite identifiée autour de la floraison.

Évaluation du risque : Le niveau de risque est déterminé par la sensibilité du cépage et par l'historique de contamination de la parcelle.
Pour les situations à haut risque (cépages sensibles, fortes attaques les années précédentes) : la période de risque démarre au stade 2-3 feuilles étalées. La période de sensibilité est atteinte dans les situations les plus précoces. Elle est imminente ailleurs.
Pour les parcelles peu sensibles : la période de sensibilité démarre au stade boutons floraux séparés (stade 17, pré-floraison). Avant ce stade, surveillez vos parcelles pour détecter l'apparition éventuelle de symptômes sur feuilles.

Techniques alternatives : L'utilisation de moyens de bio-contrôle est possible et efficace.

Lien vers la Liste des produits de bio-contrôle


VERS DE LA GRAPPE (Lobesia botrana)

Éléments de biologie

La surveillance est ciblée sur Eudémis (Lobesia botrana), seule tordeuse causant des dégâts significatifs dans les vignobles de la région. Une autre tordeuse est surveillée, non pas pour sa nuisibilité mais pour sa biologie. Il s'agit d'Eulia, dont le vol survient généralement entre 10 à 15 jours avant celui d'Eudémis et permet ainsi d'anticiper celui-ci.

Situation au vignoble

Le vol d'Eulia est en cours. Des piégeages d'eudémis ont eu lieu sur les secteurs de Rabastens, Lisle/Tarn et Gaillac. Le niveau de captures est significatif, notamment sur le secteur de Rabastens.

Biologie et description des symptômes :

Les vers de grappe hivernent sous forme de chrysalides, au sol ou sous les écorces. Au printemps, les adultes de la première génération (G1) émergent de ces chrysalides et entament le premier vol. Ce vol de G1 peut démarrer plus ou moins précocement selon les conditions de l'année et s'étaler sur près d'un mois. Les premiers œufs sont alors déposés sur le bois puis, sur les bractées des inflorescences dès que le développement végétatif de la plante le permet.

Évaluation du risque : Le vol est en cours sur les secteurs précoces. Relevez régulièrement les pièges afin de suivre la dynamique de vol.

Techniques alternatives : Dans le cadre de la confusion sexuelle, les diffuseurs doivent être mis en place avant l'émergence de la première génération. L'efficacité du dispositif dépend du bon respect des conditions de pose (respect des densités de diffuseurs, renforcement des bordures ).

E RINOSE (Colomerus vitis)

Éléments de biologie

Sur les parcelles à risque (régulièrement attaquées), les dégâts peuvent apparaître très précocement, dès le stade pointe verte. Ainsi, des galles peuvent être visibles sur les premières feuilles à la base des rameaux. Lors d'attaques importantes au printemps, l'érinose peut gêner le développement des jeunes pousses et provoquer un avortement des fleurs.

Situation dans les parcelles

En 2018, des symptômes ont été observés en tous secteurs. A ce jour, aucun symptôme n'est détecté.

Évaluation du risque : Cette problématique est en progression depuis plusieurs années. La pression s'exprime ponctuellement, mais peut réduire fortement la photosynthèse.
La surveillance doit être accrue sur les parcelles ayant subi de fortes attaques d'érinose lors des campagnes précédentes.
Biologie et description des symptômes :

L'érinose est caractérisée par l'apparition, à la face supérieure des jeunes feuilles, de galles boursouflées. A la face inférieure de la feuille, se forme également un feutrage dense blanc ou rosé. Lorsque les galles vieillissent, ce feutrage vire au brun rouge. Le parasite responsable de ces symptômes est un acarien invisible à l'œil nu. Les femelles hivernent dans les écailles des bourgeons et colonisent très tôt les jeunes feuilles pour se nourrir et pondre. Très rapidement après le débourrement démarre une phase de reproduction de l'acarien au cours de laquelle seront produites les populations d'adultes des premières générations estivales qui vont migrer vers le bourgeon terminal et les nouvelles feuilles des rameaux. Cette migration démarre fin mai et s'intensifie après la floraison.


Les stratégies de gestion du risque dans les parcelles les plus sensibles repose sur une régulation précoce des populations, avant leur phase de multiplication. Ce stade est maintenant dépassé dans les situations précoces.

Techniques alternatives : L'utilisation de moyens de bio-contrôle est possible et efficace.

Lien vers la Liste des produits de bio-contrôle

ACARIOSE (Calepitrimerus vitis)

Éléments de biologie

Les attaques d'acariose au printemps se manifestent de manière très localisée. Les symptômes sont provoqués par le développement d'acariens microscopiques sur les bourgeons puis les jeunes pousses. Ce sont les femelles hivernantes qui provoquent ces attaques précoces lorsqu'elles piquent les tissus végétaux pour s'alimenter. A ce stade, les cellules végétales meurent et provoquent des malformations des feuilles ou la mauvaise croissance des rameaux. On observe donc que certains bourgeons ne démarrent pas alors que d'autres poussent faiblement et restent rabougris. Certains de ces rameaux vont se ramifier à leur base et donner un aspect buissonnant au cep. Les feuilles de la base des rameaux sont plissées et recroquevillées.

Situation dans les parcelles

Quelques plantiers ont présenté des symptômes d'acariose l'année dernière.

Évaluation du risque : Surveillez particulièrement les jeunes plantations et les parcelles âgées avec un débourrement lent qui se montrent plus sensibles aux attaques d'acariose. Les conditions de pousse active sont peu favorables à l'expression des dégâts du ravageur.

Techniques alternatives : L'utilisation de moyens de bio-contrôle est possible et efficace.

Lien vers la Liste des produits de bio-contrôle

Documents disponibles au téléchargement sur le site de la CRA Occitanie :
- Note technique commune " Gestion de la résistance 2019 - Maladies des la vigne " :

https://occitanie.chambre-agriculture.fr/fileadmin/user upload/Occitanie/512 Fichiers-communs/documents/BSV/Notes techniques/note technique commune vigne 2019 - Vdef.pdf

Liste des mesures alternatives et prophylactiques en viticulture :

https://occitanie.chambre-agriculture.fr/fileadmin/user upload/Occitanie/512 Fichiers-communs/documents/BSV/Notes techniques/liste alternatives prophylaxie 2018 CRAO2018.pdf

Le prochain BSV Vigne Gaillac paraîtra le vendredi 19 avril 2019

REPRODUCTION DU BULLETIN AUTORISEE SEULEMENT DANS SON INTEGRALITE ( REPRODUCTION PARTIELLE INTERDITE )

Ce bulletin de santé du végétal a été préparé par l'animateur filière viticulture de la Chambre d'Agriculture du Tarn et élaboré sur la base des observations réalisées par la Chambre d'Agriculture du Tarn, la Cave de Labastide, la Maison des Vins de Gaillac, Vinovalie Cave de Rabastens et les agriculteurs observateurs.

Ce bulletin est produit à partir d'observations ponctuelles. S'il donne une tendance de la situation sanitaire régionale, celle-ci ne peut pas être transposée telle quelle à la parcelle. La CRA d'Occitanie dégage donc toute responsabilité quant aux décisions prises par les agriculteurs pour la protection de leurs cultures et les invite à prendre ces décisions sur la base des observations qu'ils auront réalisées et en s'appuyant sur les préconisations issues de bulletins techniques.

Licence Ouverte Etalab