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Animateur filière
Olivier BRAY FREDON AQUITAINE o.bray@fredon-aquitaine.org
Directeur de publication
Dominique GRACIET, Président de la Chambre Régionale Nouvelle-Aquitaine Boulevard des Arcades 87060 LIMOGES Cedex 2 accueil@na.chambagri.fr
Supervision
DRAAF Service Régional de l'Alimentation Nouvelle-Aquitaine 22 Rue des Pénitents Blancs 87000 LIMOGES
Supervision site de Bordeaux
Reproduction intégrale de ce bulletin autorisée. Reproduction partielle autorisée avec la mention
" extrait du bulletin de santé du végétal Nouvelle-Aquitaine Fraise Framboise N°XX du XX/XX/XXXX "
Les observations permettant l'écriture de ce BSV ont été réalisées sur environ 300 ha en Lot-et-Garonne, 2.1 ha en Corrèze (9 parcelles), 30 ha en Dordogne (26 parcelles).
En Lot-et-Garonne, en parcelles chauffées, les pucerons sont visibles sur 5 % des parcelles suite au
" nettoyage " de début de saison. Là où les parcelles sont gérées en PBI et biocontrôle, 75 % des parcelles présentent des pucerons. En abris froids, 100 % des parcelles sont concernées par le ravageur, avec des intensités variables selon les lots et les stades. En sol, les pucerons sont présents sur 100 % des parcelles avec de fortes intensités. Des gestions vont être mises en place. En Corrèze, les pucerons Rhodobium porosum et Macrosiphum euphorbiae sont principalement visibles mais en dessous du seuil de nuisibilité. En Dordogne, la présence de pucerons est signalée sur 57 % des parcelles, principalement Rhodobium porosum, Macrosiphum euphorbiae, Chaetosiphon fragaefolii, et sur deux parcelles Acyrthosiphon malvae. La présence d'individus ailés est observée sur 25 % des cas.
Biologie (source : Encyclopédie des pucerons : https://www6.inra.fr/encyclopedie-pucerons) : 4700 espèces de pucerons sont répertoriées dans le monde. Ils sont uniquement phytophages. Grâce à leurs pièces buccales de type piqueur-suceur, ils se nourrissent de la sève des plantes et peuvent transmettre à celle-ci des particules virales. On observe des formes larvaires de petites tailles, des adultes aptères et des formes ailées. Un cycle complet (holocycle) comporte une génération sexuée et plusieurs générations asexuées. Dans ce cas, l'œuf est pondu à l'automne et passe l'hiver en diapause. L'éclosion de l'œuf se fait généralement au moment du débourrement. La femelle issue de cet œuf est appelée la Fondatrice. Elle est presque toujours aptère. Ensuite, la fondatrice va engendrer une ou plusieurs générations de femelles parthénogeniques (clones) appelées fondatrigènes. Les premières générations sont aptères, puis le nombre d'ailés va augmenter avec le temps. La majorité des espèces de pucerons reste sur le même type de plantes, ce sont des espèces monocéiques. Environ 10 % des espèces sont diocéiques ou hétérocéiques, elles alternent entre 2 et plusieurs types de plantes. La migration est assurée par les fondatrigènes ailés qui donnent ensuite naissance à de nouvelles générations aptères et ailées. A l'automne, des femelles parthénogénétiques vont engendrer des mâles et des femelles ovipares. Après accouplement les œufs sont pondus. Dans certains cas, la partie sexuée n'existe pas, les pucerons se reproduisent alors uniquement par parthénogénèse (anholocycle), c'est le cas de Aphis gossypii. Certaines espèces comme Myzus persicae peuvent être holocycliques ou anhocycliques selon la rigueur de l'hiver ou la disponibilité des hôtes primaires.
Morphologie de puceron aptère à gauche, ailé à droite (source : https://www6.inra.fr/encyclopedie-pucerons)
Nom latin | Nom commun | Couleur | Taille | Caractéristiques morphologiques aptère | Caractéristiques morphologiques ailé | Parasitoïdes | ||
Rhodobium porosum | Puceron | Jaunâtre | 1,2 à | Cornicule droite et | Patte avec genou et | Aphelinus | ||
jaune du rosier | à verdâtre | 2,5 mm | longue au bout foncé, cauda élancée | cheville sombre, cauda élancée, cornicule droite et pigmentée antennes longues | abdominalis, aphidius ervi, aphidius matricariae, ephedrus | |||
de la taille du corps | cerasicola, Praon volucre | |||||||
Acyrthosiphon malvae | Puceron | Vert | 1,8 à | Yeux rouges, | Antenne de la | Aphidius ervi, | ||
du géranium | jaunâtre ou vert | 2,7 mm | Cornicule longue, droite et claire se terminant par une collerette, cauda épaisse, antenne de | longueur du corps, causa épaisse, droite et claire se terminant par une collerette | ephedrus plagiator, Praon volucre | |||
la longueur du corps | ||||||||
Chaetosiphon fragaefolii | Puceron jaune du | Blanc jaunâtre | 0,9 à 1,8 | Petit, portant des soies, antenne de la | Antennes sombres légèrement plus | Aphelinus abdominalis, | ||
fraisier | pour les aptères, vert pour les ailés | mm | longueur du corps, Cornicules cylindriques, fines et pâles légèrement recourbées vers | grandes que la longueur du corps, Cornicules fines, droites et pigmentées, Cauda | ephedrus cerasicola, Praon volucre | |||
l’intérieur, Cauda épaisse | courte, pointue et pigmentée | |||||||
Aulacorthum solani | Puceron | Aptère | 1,8 à 3 | Abdomen brillant | Abdomen vert strié | Aphelinus | ||
strié de la digitale et de la pomme de terre | vert à jaune, ailé vert | mm | avec une tache plus foncée au niveau des cornicules, antenne plus longue que le corps, | sombre, antennes longues et foncées, Cornicules pâles, droites, longues avec une collerette | asychis, Aphelinus flavipes, aphidius ervi, Aphidius | |||
cornicules droites, longues, foncées à l'extrémité, | sombre à l’extrémité | matricariae, Aphidius urticae, Diaeretiella rapae, Praon volucre | ||||||
Macrosiphum euphorbiae | Puceron vert et | Vert ou rose | 1,7 à 3,6 | Antenne plus longue que le corps, | Antennes longues et pigmentées, cauda | Aphelinus abdominalis, | ||
rose de la pomme de terre | mm | Cornicules longues, claires, cauda longue et claire | longue et claire | Aphelinus asychis, Aphidius ervi, Aphidius picipes, | ||||
Aphidius urticae, Ephedrus plagiator , Praon volucre , Toxares deltiger |
Aphis gossypii | Puceron du melon et du cotonnier | Aptère jaunâtre à vert sombre, ailé vert à vert foncé | 1,2 à 2,2mm | Cornicules très foncées, cauda plus pâle | Antennes de la longueur du corps, cornicules noires, cauda plus claire | Aphelinus mali, Aphidius colemani , Aphidius matricariae , Ephedrus persicae , Praon volucre |
Surveillez les populations en tenant compte des seuils indicatifs de risque suivants :
Pour les parcelles présentant un seuil inférieur à 5 individus pour 10 feuilles, le risque est faible, mais une visite régulière est conseillée afin de suivre l'évolution des populations.
Pour les parcelles dépassant le seuil de nuisibilité (5 individus pour 10 feuilles), le risque est sérieux et une gestion de votre parcelle doit être mise en place.
Ces seuils sont indicatifs et sont à adapter en fonction du stade de la culture et du type de pucerons.
Des lâchers de parasitoïdes (voir liste dans le tableau ci-dessus) et d'auxiliaires prédateurs tels que les chrysopes sont réalisés en ce moment. Attention aux conditions météorologiques, chacun d'entre eux a des conditions de développement spécifiques et optimales. Les parasitoïdes sont des micro-hyménoptères capables de parasiter un bon nombre d'espèces de pucerons, chacun ayant ses préférences, son cycle, et ses conditions optimales de développement. L'adulte femelle va pondre un œuf à l'intérieur du puceron. De cet œuf, émergeront plusieurs larves vivant à l'intérieur du puceron (puceron sous forme de momie), puis un nouveau parasitoïde sortira de l'abdomen pour continuer son développement.
Des produits de biocontrôle sont aussi disponibles
(voir liste dans la note de service DGAL/SDQSPV/2019-144 du 13/02/2019 disponible ici).
En Lot-et-Garonne, en hors sol, malgré l'ensoleillement de ses deux dernières semaines, les populations d'acariens ont diminué. On les retrouve sur 10 % des parcelles contre 20 % il y a deux semaines. Ils sont visibles principalement sur les jeunes feuilles. En sol, les acariens sont présents sur 20 à 50 % des parcelles.
En Dordogne, des femelles hivernantes, des œufs et des larves de premiers stades sont observés sur 40 % des parcelles.
Pensez au nettoyage de vos plants : l'élimination des vieilles feuilles limitera l'évolution de ce ravageur dans les cultures.
Actuellement la pression acarien est assez faible. La période à risque se poursuit donc et il est important de réaliser un suivi dans vos parcelles afin de repérer les premiers foyers.
Les auxiliaires A.cucumeris et A.swirskii ainsi que les premiers Orius commencent à être observés.
Biologie : Il existe près de 5000 espèces de thrips sur la planète, environ une dizaine est observée dans les serres et deux espèces de thrips posent problème dans les fraiseraies : le thrips californien : Frankliniella occidentalis et le thrips de l'oignon : Thrips tabacci.
Les deux espèces ont un cycle de vie similaire, fait de 6 stades de développement :
- La femelle pond des petits œufs blancs, dans les feuilles, fleurs et tiges tendres,
- 5 à 7 jours après la ponte, des larves blanches émergent (premier stade larvaire) et se nourrissent des feuilles et fleurs. Elles sont très mobiles.
- Le deuxième stade larvaire suit, la larve est aussi grande que l'adulte mais plus pâle. A la fin de ce stade, la larve se laisse tomber au sol ou se cache dans les cavités de la plante.
- L'insecte entre ensuite dans son stade nymphe I.
- Le stade nymphe II suit et dure 6 jours
- Les adultes ailés émergent.
Frankliniella occidentalis | Thrips tabacci |
Cycle d’environ 20 jours | Cycle de 14 à 30 jours |
T°C optimale : 25°C | T°C optimale : entre 16 et 18°C |
Développement cesse au-dessus de 35°C et en dessous de 10°C | Développement cesse sous 115°C |
Pas de diapause l’hiver | Entre en diapause l’hiver |
A l’extérieur peut survivre dans les débris végétaux à -14°C | Peut survivre l’hiver dans une serre non chauffée |
Identification : Les deux espèces se ressemblent beaucoup, mais l'observation des adultes au microscope permet de les distinguer. Frankliniella occidentalis Thrips tabacci Larve En général plus jaune que Thrips
Premier stade larvaire : entre 0.4 et 0.6 mm de tabacci voire jaune orangée long, grande tête et yeux rouge vif, deuxième stade larvaire, 0.7 à 0.9 mm, jaune clair à jaune verdâtre Adulte 8 segments antennaires. 7 segments antennaires. Femelles mesurent Femelles mesurent de 1.3 à 1.4 mm, entre 0.8 à 1.2 mm, mâles sont aptères, plus clairs mâles sont plus petits. et plus petits Sexe 1 mâle pour 2 femelles, plus de mâles Très peu de mâles ratio en début de saison, plus tard plus de femelle que de mâle
Dégâts : Frankliniella occidentalis s'attaque aux fleurs, aux feuilles et aux fruits, causant le bronzage de la fraise et des akènes proéminentes. Thrips tabacci se nourrit principalement sur la face inférieure des jeunes feuilles.
Conditions favorables au développement du thrips :
- Environnement chaud et sec,
- Les deux espèces peuvent se nourrir d'œufs d'acariens, ce qui augmente leurs vigueurs et leurs capacités de reproduction. Les thrips se cachent aussi dans les toiles d'acariens, ce qui leurs permet d'être protégés de leurs ennemis.
Surveillance phytosanitaire :
- Inspecter les plants, dès leur réception,
- Porter une attention particulière aux zones chaudes de la serre,
- Les thrips fuient la lumière, on les retrouve donc dans les fleurs, sous les feuilles ou à l'abri à l'intérieur des plantes,
- Souffler dans les fleurs pour voir s'activer les thrips,
- Installer des panneaux bleus englués placés au-dessus des cultures pour suivre l'évolution des populations.
Biocontrôle :
- Acarien prédateur se nourrissant des larves : Amblyseius cucumeris, Amblyseius swirskii et Amblyseius montdorensis, Macrocheles robustulus.
- Punaise prédatrice se nourrissant d'adultes et de larves : Orius spp.
- Thrips prédateur : Aeolothrips intermedius .
- Nématode entomopathogène : Steinernema feltiae.
Des produits de biocontrôle sont aussi disponibles
(voir liste dans la note de service DGAL/SDQSPV/2019-144 du 13/02/2019 disponible ici).
Seuil indicatif de risque : Le seuil indicatif de risque pour ce bio-agresseur est de 2 thrips / fleur.
La pression parasitaire augmente et est à surveiller. Il est nécessaire de suivre l'évolution de la dynamique des populations avec des panneaux bleus englués et des observations régulières.
Des punaises Liocoris sont encore piégées sur des panneaux bleus englués placés proches du sol sur des parcelles à historique.
Un nettoyage fin des plants touchés est indispensable pour limiter la prolifération. Attention aux voiles de forçage créant une hygrométrie importante. L'aération, voire l'aération et le chauffage simultané de vos abris sont indispensables pour assainir les parcelles.
En Dordogne, la présence de tarsonème est observée sur une origine de Charlotte.
Deux parcelles présentant des chenilles mangeant une partie du réceptacle sont signalées.
La présence de mulots et de limaces est aussi à surveiller.
Les plantes ont démarré de manière homogène, et les premiers boutons floraux sont visibles. Le débourrement est correct et régulier tout au long de la canne.
Les premiers foyers d'acariens ont été observés dès le débourrement, y compris avec la présence de toiles, mais ils sont relativement bien régulés à ce jour : de nombreux acariens prédateurs sont en activité ainsi que des staphylins (Oligota flavicornis) et des Stethorus.
A ce jour, seules les piqûres sur les premières feuilles révèlent la présence initiale des ravageurs, les toiles sont désormais résorbées.
Des pucerons ont également été observés dès le démarrage de la plante : ils sont facilement observables sous la face inférieure des feuilles, plus particulièrement sur les rosettes situées sur le haut des plantes ainsi que sur les drageons. Au moins 1 puceron est observé par canne, voire jusqu'à 3-4 sur certaines feuilles, et ce sur plusieurs feuilles d'une même canne. Plus de 60 % des plantes sont concernées.
L'éclosion des œufs a dû se produire en même temps que le débourrage des bourgeons. La femelle parthénogénétique actuellement observée est aussi appelée fondatrice. Les individus observés sont aptères.
L'espèce majoritaire semble être Amphorophora idae mais un petit puceron jaune est également présent cette année.
Particularité à noter cette année : des A. colemani sont déjà présents et commencent le parasitisme. L'équilibre auxiliaire ravageur-auxiliaire ne semble toutefois as atteint.
Une larve de syrphe a été observée.
Pour maitriser leur développement il convient d'éliminer les drageons et de ne pas travailler avec des électro-conductivités trop élevées.
Les premières taches d'oïdium sont observées mais limitées à quelques organes.
Le débourrement des variétés précoces a commencé. Il semble homogène pour le moment mais il est également timide au regard des températures fraiches.
Ce bulletin est produit à partir d'observations ponctuelles réalisées sur un réseau de parcelles. S'il donne une tendance de la situation sanitaire régionale, celle-ci ne peut pas être transposée telle quelle à chacune des parcelles. La Chambre Régionale d'Agriculture Nouvelle-Aquitaine dégage donc toute responsabilité quant aux décisions prises par les agriculteurs pour la protection de leurs cultures. Celle-ci se décide sur la base des observations que chacun réalise sur ses parcelles et s'appuie le cas échéant sur les préconisations issues de bulletins techniques (la traçabilité des observations est nécessaire).
" Action pilotée par le Ministère chargé de l'agriculture et le Ministère de l'Ecologie, avec l'appui financier de l'Agence Française de BIodiversité, par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du plan Ecophyto ".