Bilan climatique : chaud et sec p 1-2
Phénologie : précocité et générosité du millésime p 2
Mildiou et oïdium : pression faible p 2-4
Tordeuses : faible pression 2018 p 4
Botrytis : faible pression 2018 p 5
Drosophiles : pas de dégâts p 5
Flavescence dorée : aucun cas positif p 6
Autres ravageurs : érinose, pyrales p 7
Bien que la moyenne annuelle de précipitations 2018 soit proche de la moyenne 2012-2018, l'année 2018 reste caractérisée par un déficit hydrique sur la période végétative, avec pour conséquences des phénomènes de stress très marqués. Sur la période janvier-15 décembre, en moyenne, on enregistre selon les stations 600 à 750 mm
(hors Colmar avec 513 mm), contre une moyenne 2012-2018 sur la même période, de 630 à 720 mm. Selon les stations, c'est un manque de 10 à 40 mm. Les grosses variations s'expliquent par le caractère quasi exclusivement orageux des pluies de printemps et d'été. Cette situation est accentuée par des températures mensuelles supérieures à la moyenne 2012-2018 et une charge bien généreuse. 2018 est l'année la plus chaude depuis 2012, mais également plus chaude que 2003. On note une température moyenne annuelle de 12,2 à 13,1°C soit 1°C de plus que la moyenne 2012-2018 (toujours au 15/12).
Décomposons un peu cette campagne. Janvier 2018 ainsi que le mois de décembre 2017 ont permis de reconstituer les stocks d'eau de sol avec localement des gros volumes (160 à 290 mm). Janvier est chaud avec plus de 3°C de dépassement à la moyenne. Février et mars sont marqués par le froid. Ce sont les seuls mois de l'année avec des températures inférieures aux moyennes mensuelles (2012-2018). A compter du mois d'avril, les températures sont élevées avec 1 à 3°C de plus que la moyenne mensuelle. Printemps, été et même automne affichent des températures exceptionnellement chaudes et de très faibles volumes de pluies. L'unique période de pluie se situe entre mi-mai et mi-juin, aves des réserves pleines à mi-juin. Par chance, quelques pluies orageuses ont permis de tenir les vignes jusqu'aux vendanges et de limiter les blocages. Quelques épisodes de grêles sont venus ponctuer la saison, notamment à la nouaison pour Wihr-au-Val, Reichsfeld,
Le réseau Vigne Alsace 2018 compte 56 parcelles.
Kienheim, puis au stade petit pois pour les communes et environs de Hattstatt, Itterswiller, Rosheim et fin septembre sur Gueberschwihr et Pfaffenheim, mais sans incidence sur la quantité et la qualité de récolte à l'échelle du vignoble. Ci-dessous les graphiques des stations d'Orschwihr à gauche et Dambach-la-Ville à droite
(manquent les données de décembre).
En moyenne, le débourrement est enregistré au 15 avril pour le Gewurztraminer et 17 avril pour le Riesling (poste Bergheim données CIVA), soit à des dates comparables à 2016 et un retard de l'ordre de 3 à 5 jours par rapport à la moyenne des 30 dernières années. Un temps chaud, sec et venteux s'est maintenu du débourrement jusqu'à l'Ascension. A partir du 10 mai, ce sont des passages orageux qui bénéficient pleinement à la vigne permettant une croissance très rapide mais également très homogène sur l'ensemble du vignoble. Les premiers capuchons s'ouvrent au 23 mai. La pleine fleur a lieu encore sur le mois de mai ce qui correspond à une avance de l'ordre de 12 jours par rapport à la moyenne des 30 dernières années. La floraison se déroule dans de bonnes conditions. L'initiation florale, l'an dernier, s'est déroulée dans des conditions optimales de lumière et température influençant positivement le potentiel de grappes. Après 2 années où le potentiel a été amputé par le mildiou puis l'an passé par le gel, c'est une belle charge qui s'est présentée cette année. L'ébourgeonnage a été par conséquent largement recommandé. La période d'orages se concentre entre le 10 mai et le 12 juin. Ce caractère orageux offre des précipitations plutôt de fin de journée ou de nuit, permettant l'accès aux parcelles en journée pour l'ensemble des travaux. Au-delà de cette période, les épisodes de précipitations se font rares et les températures continuent à se situer au dessus des normales de saison. La croissance est active. Fin juin, la fermeture est effective, avec en parallèle déjà des inquiétudes vis-à-vis du manque d'eau. L'amorce de la véraison se fait à la mi-juillet. 2018 maintient sa précocité. Les conditions vont rester chaudes tout au long de l'été et générer des situations de stress en sols légers notamment. Le contrecoup du gel de 2017 est une charge généreuse cette année et l'absence d'eau sur ces parcelles se fait sentir rapidement. Les jeunes parcelles avec un déséquilibre de charge voient leurs grappes flétrir et leurs feuilles tomber au mois d'août. L'ouverture des vendanges est annoncée au 22 août. Les conditions douces et sèches se poursuivent sur toute la période des vendanges, permettant de récolter à maturité et dans un état sanitaire irréprochable l'ensemble des cépages sur l'été et l'automne.
La maturité des œufs d'hiver est acquise le 18 avril soit juste après le débourrement. La germination est très timide et s'explique par une sortie d'hiver et une amorce de printemps particulièrement sèches. Le risque de contamination des premières feuilles est faible en l'absence de sol humide et de précipitations significatives. La prophylaxie via l'épamprage est conseillée comme chaque année.
Au total, 4 taches isolées sur pampre sont confirmées entre le 15 et le 22 mai et toutes issues d'une pluie du 23 avril. Il s'agit de cas isolés, les pluies ayant été faibles. Les premières pluies potentiellement contaminatrices surviennent à partir du 10 mai. Au 15 mai, le vignoble a fait ou va faire l'objet du premier traitement induit par le risque oïdium vis-à-vis du stade phénologique (entre 6-8 f et boutons floraux séparés). Mais malgré des épisodes de pluie successifs, des températures non limitantes et une croissance active, le mildiou se fait discret. Ce sera le cas tout au long du printemps. Malgré des cycles théoriques, à la floraison on n'aura noté que quelques nouvelles taches sur la commune d'Orschwihr. Aucun symptôme sur inflorescence n'a été noté. Un premier cas de rot gris (cf ci-contre) est noté à la nouaison (4 juin), avec quelques taches fraîches. Des taches un peu plus fréquentes sont signalées à la mi-juin, en particulier dans le Haut-Rhin. Toutefois, l'absence ou les faibles volumes de pluie et le temps chaud limitent l'expression de ce bioagresseur. Des expressions sous forme de rot brun sont notées à partir de début juillet et liées aux orages des 12-13 juin. Ce sont généralement quelques baies qui sont touchées et non des grappes entières. A la faveur des orages de juillet, une sortie de taches fraîches (plutôt côté 68) est visible occasionnellement ainsi que la forme mosaïque sur le haut du feuillage. Rappelons le BSV de fin août qui faisait état du bilan de prévendanges sur 100 parcelles aléatoires (FREDON et CAA). Il permet de faire l'état des lieux sanitaire à la veille de la vendange depuis 1998. A cette date, il n'est plus possible de quantifier le rot brun pour le mildiou. Les dégâts à l'échelle de la région ont été très limités. Seules 9 parcelles sur 100 (toutes dans le 68) présentaient du rot brun (cf ci-contre). La présence de mildiou sur feuille est un peu plus fréquente avec soit la forme mosaïque, soit d'anciennes taches d'huile peu sporulantes. Aucune situation n'entraîne la défoliation précoce du haut du feuillage. Cette situation saine sur le feuillage est évidement à mettre en lien avec la rareté de la pluie estivale. C'est un mildiou discret et sans virulence, aisé à maîtriser qui marque ce millésime.
Au stade de début de sensibilité pour les parcelles à fort historique, soit 6-8 feuilles, les conditions météorologiques sont peu favorables à l'oïdium du fait d'un temps lumineux, sec et venteux. Au stade boutons floraux séparés, les conditions sont théoriquement plus favorables. A l'amorce de la floraison, les premiers symptômes sont identifiés sur feuilles en cépages sensibles (Auxerrois, Sylvaner, Chardonnay). Les mesures prophylactiques sont mises en avant (ébourgeonnage, effeuillage) d'autant plus que la végétation est dense et compacte et que la charge est importante. Au stade nouaison, on ne dénombre qu'une seule grappe touchée pour tout le réseau de surveillance et 95 % des parcelles sont exemptes de symptômes foliaires. Les conditions chaudes couplées à une forte densité de feuillage, maintiennent les grappes dans un environnement fermé et humide par la transpiration du feuillage. La fréquence de symptômes progresse ainsi lentement (photo ci contre). Les symptômes touchent les parcelles sensibles essentiellement, ou lorsque la protection a fait défaut. Un bilan sur 120 parcelles (FREDON/CAA) est réalisé à la fermeture de la grappe. Sur 2 200 grappes observées, 1,5 % des grappes présentait une ou plusieurs baies oïdiées. La situation est elle aussi jugée très saine. Malgré sa présence sur quelques baies, dans les parcelles correctement protégées, il n'y a pas eu d'éclatement de baies. Les symptômes touchent quelques Auxerrois, Sylvaner ou Pinot blanc. Lors du bilan de pré-vendange, fin août, en moyenne 5,3 % des grappes affichent un peu de feutrage gris
(8,8 % dans le 68 et 1,9 % en moyenne dans le 67). L'intensité est très faible 0,7 %.
Ci-dessous le graphique 1998-2018 avec la fréquence et l'intensité de l'oïdium. Cela situe 2018 à un niveau d'attaque supérieur à 2016 et 2017 mais sans dégât sur la récolte.
Les premières captures dans les pièges sont effectives vers le stade 5-6 feuilles étalées. Le nombre de captures est faible pour les 2 espèces et parfois nul pour les cochylis. Les toutes premières pontes sont visibles au stade 7-8 feuilles. La pression de cette première génération est faible à nulle puisqu'au stade pleine floraison, on note moins de 10 % des parcelles avec un glomérule. Les courbes de vols figurent ci-dessous. Sur la seconde génération, l'activité de vol est très variable. Les captures peinent à démarrer bien que les conditions et le stade de pré-fermeture soient atteints. Certains pièges restent vides tandis que pour les autres les captures sont régulières. La pression de cette génération est faible également avec peu de pontes observées à la fermeture de la grappe. Le bilan au 3 juillet (grappes fermées) fait état de 1 % des grappes seulement avec soit une ponte soit une perforation (photo ci-contre). Le bilan 100 parcelles de pré-vendange indique une moyenne de 2,75 % de grappes attaquées pour cette génération avec 0,05 perforation par grappe. Sur ces rares foyers, il y a peu de développement de botrytis (limité à 4-5 baies max). Ci-dessous le graphique 1998-2018. Cette pression 2018 est restée faible au regard de la moyenne 1998-2018 de près de 8 % de grappes attaquées.
La pourriture grise, tout comme la pourriture acétique est rarissime. Ce sont de petits foyers de quelques baies consécutifs à leur compression ou à des piqûres de guêpes et abeilles. 2,7 % des grappes présentent des symptômes de pourriture grise et 0,55 % présente des symptômes de piqûre acétique. Le graphique situe l'année avec sa très faible pression de botrytis comparée à une moyenne 1998-2018 de 20 %.
Ce graphique reflète une situation de pré-vendange pour l'ensemble des années. Ces données sont parfois évolutives par rapport aux précipitations de fin de saison. Le nombre de grappes et leur taille avaient fait craindre, en cas de précipitations, des éclatements de baies et des foyers massifs de pourriture. La faible pression des vers de la grappes, l'absence d'éclatement de baies par l'oïdium et la mise en avant de mesures prophylactiques (effeuillage et ébourgeonnage) alliées à la météo particulièrement clémente ont permis de conserver dans la durée un état sanitaire impeccable.
35 pièges ont été installés en vigne et relevés hebdomadairement pendant 11 semaines de mi-juillet jusqu'à la vendange de la parcelle. Au total, près de 14 000 drosophiles ont été capturées, 58 % étant des drosophiles Suzukii. Le nombre maximal de captures a eu lieu la semaine 32, soit du 6 au 12 août, avec 2 644 captures et 76 captures par piège en moyenne, toutes drosophiles confondues.
En général, les pièges qui ont capturé le plus de drosophiles (toutes espèces confondues) sont situés à proximité de forêts. Peu de pontes ont été observées sur baies de raisin. Peu de piqûres acétiques ont été constatées sur la vendange grâce aux conditions climatiques asséchantes de l'automne, peu favorables aux drosophiles et au développement de pourriture acide. Lors du bilan aléatoire en pré-vendange, sur 100 parcelles, aucune drosophile n'a été observée, même sur des baies altérées par des guêpes ou des abeilles. C'est une absence de dégât.
Nombre total de captures
Nombre moyen de captures par piège
Cette année encore, une campagne de prospection des symptômes de jaunisses de la vigne (bois noir, flavescence dorée, PGY) a été organisée dans 10 communes volontaires du vignoble alsacien. A l'aide de techniciens et de volontaires, soit environ 340 personnes, 930 hectares ont été parcourus ce qui a permis de signaler près de 1 340 ceps. Les campagnes historiques de surveillance des symptômes en parcelles de vigne-mère et en parcelles de vignes de moins de 5 ans ont également eu lieu.
Les symptômes qui ont été moins marqués que l'année dernière, sont localisés principalement le long des zones boisées (habitat du vecteur de la maladie du bois noir) et sur certains cépages comme l'Auxerrois ou le Pinot gris et de façon plus visible sur Pinot noir.
Aucun échantillon prélevé n'a révélé de flavescence dorée. L'Alsace reste donc une zone protégée vis-à-vis de cette maladie.
La surveillance du vecteur de la flavescence dorée, la cicadelle Scaphoïdeus titanus, a également été menée cette année à l'aide d'un réseau de plus de 420 pièges sur l'ensemble du territoire. Aucune cicadelle de ce type n'a été identifiée en dehors du foyer à Turckheim.
L'observatoire Maladies de bois mis en place en 2003 compte à présent 73 parcelles (sur 90 à l'origine avec 30 pour chacun des 3 cépages, Auxerrois, Gewurztraminer et Riesling), suivies par l'IFV et la Chambre d'agriculture et sous pilotage IFV. Le graphique ci-dessous n'est pas le strict reflet de la situation alsacienne mais montre la variation de sensibilité entre les cépages et l'expression annuelle des symptômes d'Esca et de BDA.
Après une accalmie de l'expression des symptômes et un retour à une moyenne de l'ordre de 8 % des ceps avec symptômes, 2018 voit à nouveau une hausse du nombre de ceps malades (plus de 10 %).
Les mange bourgeons ont occasionné très peu de dégâts en raison d'un débourrement rapide.
Les cigariers ont été très discrets et se limitent à quelques parcelles pour toute l'Alsace. Ci-contre, les premiers cigares au 15 mai. Aucun dépassement des seuil (15-20 cigares par cep) n'est constaté.
Les pyrales sont visibles dès les premières feuilles étalées. Elles sont présentes dans de très nombreuses parcelles mais toujours à des niveaux inférieurs au seuil de 80 % de ceps occupés par au moins une pyrale.
L'érinose, provoquée par un acarien microscopique, fait son apparition dès les premières feuilles étalées. Les acariens se multiplient à la faveur des températures chaudes. Les conditions de 2018 sont donc tout particulièrement favorables à l'expression de printemps mais également d'été. Hormis dans les jeunes parcelles et surtout les Riesling, l'érinose ne gène pas l'activité de la vigne.
Le Black rot (ci-contre) et le brenner ont marqué quelques feuilles sans incidence.
ÉDITÉ SOUS LA RESPONSABILITÉ DE LA C HAMBRE
RÉGIONALE D 'A GRICULTURE G RAND E ST
SUR LA BASE DES OBSERVATIONS RÉALISÉES
PAR LES PARTENAIRES DU RÉSEAU VIGNE
AB2F Ampélys Groupe CAC Armbruster Vignes Cave de Beblenheim Cave de Bes-
theim Cave du Roi Dagobert Cave de Turckheim Chambre d'agriculture d'Alsace
Comptoir Agricole Vitivina FREDON Alsace Hauller IFV Laboratoire d'œnologie Gres-
Rédaction : Chambre d'agriculture d'Alsace et FREDON Alsace.
Relecture assurée par la Chambre Régionale d'Agriculture Grand Est ainsi que la DRAAF (SRAL).
Crédit photo : Chambre d'agriculture d'Alsace et FREDON Alsace.
Animation du réseau Vigne : Marie-Noëlle LAUER - Chambre d'agriculture d'Alsace . Tél. : 03 88 95 50 62
- courriel : mn.lauer@alsace.chambagri.fr et Estelle POUVREAU FREDON Alsace . Tél. : 03 88 82 18 07
courriel : estelle.pouvreau@fredon-alsace.fr
Coordination et renseignements : Karim BENREDJEM - Chambre Régionale d'Agriculture Grand Est. Tél :
03 26 65 18 52 - courriel : karim.benredjem@grandest.chambagri.fr
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