BSV n°24-19 le 20 novembre 2019 (Semaine 47)
42 parcelles ont été observées cette semaine pour alimenter ce bulletin.
Les stades observés s'échelonnent de B4 à > B10
(10 feuilles).
Les larves d'altises sont signalées dans près de 70 % des parcelles. Les infestations sont pour l'instant modérées. 25 % des parcelles sont au seuil de risque.
Les tests " Berlese " et observations directes au champ sont plus recommandés pour évaluer le risque parcellaire. Les larves d'altises constituent un des principaux enjeux dans la région. Leur présence dans les colzas durant l'hiver conditionne souvent la capacité de la culture à faire face aux aléas ultérieurs (insectes et stress liés à la météo au printemps).
Les dégâts et la présence de mouche du chou sont signalés en ce début d'hiver. Les conditions météo de septembre ont manifestement profité au cycle des mouches dans de nombreuses parcelles de l'Eure, Orne et Calvados particulièrement.
Les conditions humides et fraiches qui se sont installées depuis 10-15 jours freinent considérablement le développement du colza dans la région.
Les levées les plus tardives stagnent à un stade B4-B5 (4-5 feuilles) alors que les rosettes le plus développées (10 feuilles et plus) montrent les premiers symptômes de sénescence naturelle des feuilles âgées : couleur jaune voire blanche translucide.
Même si le mois d'octobre relativement doux a permis un certain rattrapage, une forte hétérogénéité de stades demeure actuellement d'une parcelle à l'autre et aussi à l'intérieur même des parcelles.
Les fortes précipitations cumulées depuis un mois et demi peuvent commencer à perturber l'alimentation par les racines dans les sols hydromorphes.
24 parcelles sur 30 observées directement au champ signalent la présence de larves d'altise cette semaine (80 % contre 64 % la semaine dernière).
En moyenne, dans les parcelles de colza colonisées, 49 % des plantes sont visitées par des larves (min = 5 %, max = 100 %).
Tests Berlese : sur les 21 résultats disponibles actuellement, les valeurs vont de 0 à 6 larves par plante (moyenne =
1,8). 10 parcelles ont atteint le seuil de 2 larves par pied. Plusieurs tests sont encore en cours.
- Comment reconnaître les larves d'altises ? Comment les repérer? Cliquer ici
- Comment mettre en œuvre la méthode Berlese ? Cliquer ici pour la vidéo
Période de risque : du stade rosette jusqu'au décollement du bourgeon terminal.
Une infestation larvaire importante peut faire suite à une attaque d'adultes discrète, les performances de ponte des femelles étant extrêmement élevées. Les larves minent les pétioles en automne et terminent leur développement à la fin de l'hiver. C'est en fin d'hiver qu'elles nuisent directement au colza, si et seulement si elles quittent les pétioles pour se diriger vers le cœur de la rosette. Ce passage " pétiole-cœur de rosette " n'est pas systématique et dépend du contexte météo et de l'offre alimentaire pour le ravageur.
Seuil indicatif du risque : 70 % de plantes avec au moins une galerie au stade rosette. Ou 2-3 larves par plante en
moyenne (Test berlese).
Modèle : pour les parcelles à levée précoce, on peut considérer que le pic d'accouplements des adultes a eu lieu
autour du 20-25 septembre. Dans les parcelles à levées tardives, les altises adultes sont arrivées plutôt vers le 1er octobre. A noter que les captures d'altises adultes se poursuivent.
Théoriquement, les accouplements tardifs (> 10-15 octobre) génèrent des pontes tardives qui ne procurent pas de risques majeurs pour le colza. En effet, les larves qui en découlent réalisent leurs mues en décalé et ne nuisent pas au colza (sauf hiver exceptionnellement doux).
Stations | Hypothèse | Simulations des dates d’apparition des larves d’altises | ||
Météo-France | Date accouplement altise adulte | Eclosion Larves L1 | Mue Larves L2 | Mue Larves L3 |
20-sept | 12-oct | 19-oct | 31-oct | |
25-sept | 19-oct | 1-nov | 3-déc | |
EVREUX (27) | 1 oct | 2-nov | 22-déc | > 1 janv |
5 oct | 13-nov | > 1 janv | > 1 janv | |
20-sept | 13-oct | 22-oct | 4-nov | |
25-sept | 23-oct | 4-nov | > 1 janv | |
ROUEN (76) | 1 oct | 6-nov | > 1 janv | > 1 janv |
5 oct | 26-nov | > 1 janv | > 1 janv | |
20-sept | 12-oct | 19-oct | 30-oct | |
25-sept | 19-oct | 31-oct | 19-nov | |
CAEN (14) | 1 oct | 1-nov | 22-nov | > 1 janv |
5 oct | 11-nov | 19-déc | > 1 janv | |
20-sept | 12-oct | 19-oct | 1-nov | |
ALENCON | 25-sept | 20-oct | 1-nov | 29-nov |
(61) | 1 oct | 2-nov | 4-déc | > 1 janv |
5 oct | 12-nov | > 1 janv | > 1 janv |
Les œufs de la grosse altise sont déposés sur le sol tant que les adultes s'observent en parcelle (pièges sur cuvette enterrée).
Après éclosion progressive des œufs, les premières larves L1 rejoignent les pétioles des plantes.
Les stades larvaires ultérieurs
(L2-L3) sont plus facilement observables que le stade juvénile.
Les cases colorées indiquent que les simulations sont calculées à partir de la météo de l'année (jusqu'au 10 nov.). Les données météo de la normale 1999-2018 ont été utilisées pour les informations renseignées dans les cases blanches
Depuis 3 semaines, 45 parcelles sur 63 observées signalent la présence de larves (soit 71 % en 2019 contre 83 % en 2018 et 67 % en 2017 à la même période). 16 parcelles (soit 25 %) ont atteint ou dépassé le seuil de 70 % de plantes infestées. La fréquence de parcelles ayant atteint le seuil de risque est légèrement inférieure à celle observée en 2018 et 2017 (respectivement 41 % et 51 % des parcelles à la même date). A compter de début octobre jusqu'à ce jour, les sommes de températures (base 7°C pour la modélisation des stades larvaires) sont assez conformes aux normales saisonnières dans notre région. Il a fait globalement doux en octobre (+0.2 à +0.7°C de moyenne journalière) mais les températures sont redescendues en-dessous des normales depuis une bonne semaine.
Le risque se confirme et tend à augmenter, compte tenu des arrivées échelonnées des insectes. La meilleure analyse de risque vis-à-vis des larves d'altises est celle qui repose sur un diagnostic à l'échelle parcellaire.
Un contrôle régulier jusqu'à la fin de l'année sera nécessaire, y compris dans les parcelles protégées contre altises début novembre.
Le couple " altise d'hiver / pyréthrinoïdes " est exposé à un risque de résistance.
Les premiers cas de résistances d'altises d'hiver à certains produits ont été décelés en France en 2016. Pour une gestion durable du ravageur, la prise en compte à l'échelle de la parcelle de la période de risque et du seuil indicatif de risque est capitale avant toute décision. Téléchargez la note nationale Terres Inovia (juil. 2019)
Ravageur secondaire du colza contre lequel il n'existe aucun moyen de lutte à ce jour, la mouche du chou est observée cet automne, avec des effets sur colza qui se perçoivent depuis plus de 2 semaines.
Les attaques se manifestent par des galeries creusées par les larves au niveau du pivot. Il faut arracher les pieds pour visualiser les asticots et les dégâts apparents. Selon la pression, le pivot peut être plus ou moins rongé, voire sectionné à l'extrême. Dans les pires cas, la rosette peut rougir ou se violacer, signe d'une rupture d'alimentation. Dans les parcelles hydromorphes, la présence des larves peut s'accompagner de pourritures qui amplifient les dégâts.
Observations : Sur 64 parcelles observées dans le cadre du réseau BSV :
34 (soit 52 %) ne sont pas concernées par la mouche du chou, points verts sur la carte ci-contre, 10 (soit 16 % des parcelles, points jaunes) mentionnent une présence en-deçà de 1 % des plantes touchées ; 14 (soit 22 %) mentionnent des dégâts sur moins de 20 % des plantes ; 3 (soit 5% %) mentionnent des dégâts sur plus de 20 % des plantes dans des zones privilégiées de la parcelle ; 3 (soit 5% %) indiquent de nombreux dégâts sur plus de 20 % des plantes et uniformément répartis dans la parcelle.