Crédit photo : Réseau des Chambres d'Agriculture
Les parcelles de colza poursuivent leur développement dans un contexte légèrement moins stressant d'un point de vue hydrique. Les stades des colzas sont actuellement compris entre 6 feuilles vraies (BBCH 16) et 10 feuilles vraies
(BBCH 19) avec une majorité des parcelles au stade >10 feuilles.
- Charançon du bourgeon terminal : diminution des captures significatives cette semaine. Rester vigilant dans les jours à venir.
- Larves de grosses altises : un signalement cette semaine, maintenir une vigilance accrue dans les semaines à venir.
- Pucerons verts du pécher : quelques signalements cette semaine. Rester vigilant pour les parcelles encore en phase de sensibilité.
Des cultures en cours de levée ou en tout début de cycle sur les parcelles qui ont pu être semées. De nombreux semis sont encore en cours. Des niveaux de population de pucerons faibles cette semaine, la baisse des températures à venir devrait aider à contenir les populations. Néanmoins le risque de dégâts existe si des pucerons ont été observés avant la baisse des températures. Maintenir la surveillance des parcelles est indispensable, surtout s'il y a retour de températures clémentes.
Le réseau est à ce jour composé de 20 parcelles qui ont toutes fait l'objet d'une observation cette semaine :
- 7 parcelles en Isère
- 5 parcelles dans l'Ain
- 3 parcelles dans le Rhône
- 5 parcelles dans la Drôme
Stade des colzas
Ravageurs
Charançon du bourgeon terminal (CBT)
Reconnaissance : Le CBT adulte mesure de 2.5 à 3.7 mm. Corps brillant et noir avec une pilosité courte clairsemée. Tâches latérales blanches entre le thorax et l'abdomen. Extrémités des pattes rousses.
Charançon du bourgeon terminal Baris (Terres Inovia)
(Terres Inovia)
Attention à ne pas confondre le CBT avec le baris des crucifères. Le baris présente un rostre beaucoup plus recourbé et sa nuisibilité pour la culture n'est pas avérée.
Période de risque : du développement des premières larves jusqu'au décollement du bourgeon terminal. La lutte contre les larves étant impossible, c'est l'arrivée des adultes qui va déclencher le début de la période de risque. La cuvette jaune est indispensable pour effectuer ce piégeage. Les vols de CBT peuvent avoir lieu de fin septembre à l'entrée de l'hiver.
Observation : 4 parcelles sur 20 suivies indiquent la présence de charançons du bourgeon terminal. Les captures sont comprises entre 1 et 5 insectes avec une moyenne autour de 1.9 individus.
Période de risque : depuis le stade 6 feuilles jusqu'au stade reprise de végétation.
Seuil indicatif de risque : 2-3 larves par plante ou 7 plantes sur 10 avec des larves dans les pétioles des feuilles. Les dégâts ne sont importants que si le cœur des plantes est touché ce qui est rare dans le cas de colzas bien développés.
Observations : 9 parcelles suivies cette semaine. 1 parcelle indique une présence très faible de larves d'altises avec 3% de plantes présentant des galeries. 7 parcelles ont également été analysées via la méthode berlèse. 4 d'entre elles présentent des larves où l'on observe en moyenne 2.2 larves par analyse.
Analyse du risque Le risque reste encore limité. Le vol de grosse altise a débuté à partir du 20/09. Les premières éclosions ont eu lieu. La majorité des arrivées a eu lieu autour du 25/09 et les éclosions débutent. Il sera nécessaire de sonder les pétioles des plantes, à la recherche d'éventuelles galeries.
Reconnaissance Les aptères ont un corps de forme ovoïde et nu, de couleur variable, souvent verdâtre. Les ailés sont quant à eux plus élancés, avec un abdomen vert à jaunâtre. La tête et les pattes sont noires.
Colonie de pucerons verts (crédit : Terres Inovia)
Période de risque : de la levée jusqu'à 6 feuilles.
Seuil indicatif de risque : 20% de plantes porteuses de pucerons.
Observations : 2 parcelles suivies signalent la présence de pucerons verts sur environ 85% des plantes.
Analyse de risque La pression est équivalente à la semaine passée. La pression reste limitée et les colzas sont désormais sortis de la phase de risque majeure pour la transmission de viroses.
Tous les colzas ne présentent pas la même sensibilité aux dégâts de ravageurs. L'observation de ses parcelles et cuvettes jaunes, des réseaux d'observation comme le BSV permettent de décider s'il est opportun de protéger la culture ou non contre le charançon du bourgeon terminal.
La cuvette jaune permet de détecter l'arrivée du charançon dans sa parcelle mais contrairement à certaines idées reçues, il n'existe pas de relation entre le nombre d'individus capturés et les dégâts. Il peut exister une forte variabilité de piégeage au sein d'une même parcelle, notamment lorsque les conditions ne sont pas favorables à un vol franc et massif. Il est dans ce cas préférable de suivre en plus des pièges dans ces parcelles, un réseau de piégeage comme le BSV qui permet d'établir une dynamique de vol à l'échelle d'un territoire et de positionner au mieux la protection insecticide, si elle est nécessaire.
Le risque charançon du bourgeon terminal est réduit sur un colza suffisamment développé qui pousse au cours de l'automne jusqu'à l'entrée de l'hiver.
La couleur du colza, la qualité de l'enracinement et la disponibilité en azote permettent d'évaluer sa capacité à poursuivre sa croissance.
Evaluer l'état de la parcelle de colza, en mesurant la biomasse en kg/m² ou g/plante, permet de savoir si le colza sera capable de pousser durant l'automne et faire face à une attaque de charançon. C'est la combinaison de cet état agronomique et de la présence du ravageur qui permet d'évaluer le risque à la parcelle.
Raisonner les interventions en consultant le bulletin de santé du végétal (BSV) ou tout autre réseau de piégeage, qui vous renseignera sur la dynamique des vols et dans certaines régions, sur les risques d'entrée en ponte.
Ci-dessous un tableau simplifié de la règle de décision qui évalue le risque charançon du bourgeon terminal.
Risque historique | Risque agronomique | Indication de risque |
Fort (attaques nuisibles | Biomasse < 25g/pied (800 g/m²*) OU Croissance limitée (rougissement, faible disponibilité en azote, mauvais enracinement …) OU Reprise intermédiaire à tardive | Risque fort |
fréquentes) | Biomasse > 25 g/pied (800 g/m²*) ET Croissance continue sans faim d'azote (pas de rougissement, disponibilité en azote, bon enracinement) ET Reprise précoce | Risque moyen |
Faible (pas d'historique d'attaque ou attaque nuisible très | Biomasse <20-25 g/pied (600 - 800 g/m²*) OU Croissance limitée (rougissement, faible disponibilité en azote, mauvais enracinement …) | Risque moyen |
rare) – Cas majoritaire en Rhône-Alpes | Biomasse > 25 g/pied (800 g/m²) ET Croissance continue sans faim d'azote (pas de rougissement, disponibilité en azote, bon enracinement) | Risque faible |
Fin octobre il faudra évaluer le risque larves de grosse altise. Il existe une méthode très simple à généraliser : la méthode Berlèse. Cette dernière consiste à laisser sécher les plantes de colza et à attendre que les larves quittent les plantes.
Mode opératoire : prélever 30 plantes, couper les limbes des plantes en conservant la nervure centrale, disposer les plantes sur un grillage au-dessus d'une bassine remplie d'eau et de mouillant, placer les dispositifs dans une pièce bien chauffée pendant au moins 10-15 jours, le temps que les plantes sèchent et que les larves en sortent, compter le nombre de larves tombées dans les bassines tous les 2-3 jours et les en sortir pour éviter de les compter 2 fois, arrêter les comptages quand plus aucune larve ne sort depuis 3-4 jours.
La répartition des stades s'étale de levée en cours à 2 feuilles.
Il est signalé des pucerons sur trois parcelles (dans l'Ain et la Drôme). Avec respectivement 1 et 5% des plantes colonisées, deux situations sont en dessous du seuil de risque. Une parcelle dans l'Ain est au seuil de risque de 10 % des plantes colonisées. La baisse des températures de ces derniers jours n'a pas favorisé les vols ni la croissance des populations.
Dans l'état actuel des observations de cette semaine, fréquence de parcelles concernées et niveau d'infestation, le risque peut être jugé faible, mais cette appréciation n'est que temporaire.
Les observations des semaines passées sur quelques parcelles montraient de fortes infestations, en particulier sur les pièges ; on notait également la présence de virus, encore faible pour l'instant.
Par ailleurs la persistance des pucerons sur plus de 10 jours est un contexte à risque.
S'il y a retour de températures plus clémentes, la multiplication des pucerons peut reprendre.
Rhopalosiphum padi est un puceron à forme globuleuse (1,2 à 2,4 mm), qui présente un corps vert foncé avec des taches rougeâtres autour de l'insertion des cornicules. A l'automne, lorsque les conditions sont favorables les pucerons ailés volent et se posent préférentiellement sur les jeunes plantules de céréales. Ils transmettent le virus lors de leurs piqûres alimentaires. L'infestation est d'autant plus importante que le nombre de jours de vols est élevé : les semis précoces, sans traitement de semences spécifique vis-à-vis de ce ravageur, sont ainsi toujours plus exposés. Suite à cette contamination primaire de la parcelle, la diffusion de la maladie est assurée par leur descendance : les pucerons aptères (sans ailes) se contaminent en se nourrissant sur des plantes malades puis contaminent d'autres plantes (dissémination par foyer).
La température joue à nouveau un rôle important sur le taux d'accroissement de la population de pucerons aptères car la rapidité de ponte augmente avec la température. A 20 °C les larves de puceron atteignent le stade adulte en 8 jours. L'insecte peut ensuite vivre de 15 à 20 jours. Si la rapidité de ponte augmente avec la température, la durée de vie suit le chemin inverse, passant à 30 voire 40 jours à 15 °C et à deux mois à 10 °C. En dessous de 3 °C, les pucerons cessent d'être actifs mais peuvent survivre jusqu'à des températures de -5 à -12 °C selon les espèces.
Autre impact de la température : les vols se déclenchent à 12 °C : les étés tempérés suivis d'automne doux leur sont donc très favorables.
Facteurs favorables à l'infestation
Des étés tempérés suivis d'automne doux sont particulièrement favorables aux pucerons d'automne.
Des cicadelles sont signalées sur une parcelle dans la Drôme avec un nombre d'insectes piégés très faible (2) ce qui est très inférieur au seuil de 30 insectes/ piège. Dans l'état actuel des observations le risque cicadelles est faible.
4 parcelles d'orge ont été observées cette semaine, deux dans la Drôme et deux dans la Loire. Les stades vont de levée en cours à trois feuilles.
Des pucerons sont observés dans 3 parcelles sur 4. Pour deux parcelles le niveau de colonisation est largement inférieur au seuil de 10%. Pour une parcelle située dans la Loire ce seuil est atteint. Pour l'instant le risque peut être jugé comme modéré pour cette espèce très sensible au virus de la JNO transmis par les pucerons.
Des cicadelles sont signalées sur un piège dans une parcelle de la Drôme.
Une seule parcelle de blé dur a été observée cette semaine. Elle est située dans la Drôme. Rien n'est signalé sur cette parcelle. De nombreux semis sont en cours dans la Drôme ce qui permettra d'étoffer le réseau.
Le risque pucerons dans le réseau de cette semaine est faible, et cela pourrait persister si les températures à venir continuent de baisser. Néanmoins cette situation n'autorise pas un relâchement des observations, car on pourrait assister à la reprise des vols et à l'accroissement de population s'il y a retour de températures douces. Un nombre de pucerons important a pu être observé avant la baisse des températures sur quelques parcelles hors réseau, les semaines précédentes.
Pucerons vecteurs de la JNO : 10 % de plantes habitées ou présence continue des pucerons sur la parcelle pendant plus de 10 jours même si le taux de plantes habitées reste faible.
Cicadelles : une trentaine de captures hebdomadaire dans un piège chromatique est considéré comme un niveau inquiétant.
Pour en savoir plus, EcophytoPIC, le portail de la protection intégrée : http://grandes-cultures.ecophytopic.fr/grandes-cultures
Publication hebdomadaire. Toute reproduction même partielle est soumise à autorisation
Directeur de publication : Gilbert GUIGNAND, Président de la Chambre Régionale d'Agriculture Auvergne-Rhône-Alpes
Coordonnées du référent : Cécile Bois (CRA AURA) cecile.bois@aura.chambagri.fr, 04 73 28 78 34.
À partir d'observations réalisées par : des coopératives et négoces agricoles, des instituts techniques, des Chambres d'Agriculture de la région Auvergne-Rhône-Alpes, des syndicats de producteurs et avec la participation des agriculteurs.
Ce BSV est produit à partir d'observations ponctuelles. Il donne une tendance de la situation sanitaire régionale, celle-ci ne peut pas être transmise telle quelle à la parcelle. Pour chaque situation phytosanitaire, les producteurs de végétaux, conseillers agricoles, gestionnaires d'espaces verts ou tout autres lecteurs doivent aller observer les parcelles ou zones concernées, avant une éventuelle intervention.La Chambre régionale dégage toute responsabilité quant aux décisions prises par les agriculteurs concernant la protection de leurs cultures.
Action pilotée par les ministères chargés de l'agriculture et de l'environnement, avec l'appui financier de l'Agence Française pour la Biodiversité, par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du plan Ecophyto.